À l'auberge des deux cheminées

Imprenable cité ceinte de hauts remparts, Ephtéria est la capitale des peuples du nord. Elle abrite le château du Roi, sa cour, son armée, mais aussi son arène dont les sous-sols sont creusés des geôles tant redoutées.

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À l'auberge des deux cheminées

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 12:04

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Précédemment : Sujet de lancement ici.
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Sara Eriksen :
    C’était une fin d’après midi orageuse, l’enseigne en fer forgé de l’auberge des Deux Cheminées se balançait dangereusement et les passants rentraient la tête sous les coups de butoir de l'averse.

    L’intérieur du bâtiment à deux étages en semblait d'autant plus chaleureux avec ses deux feux ronflants, ses odeurs de cuisines, de vin et de vêtements trempés et ses clients déjà nombreux. Lors de leur arrivée chacun d'entre eux étaient allés de leur commentaires sur le temps, comme s'il s'agissait d'une coutume local. Des cuissots de viandes fumées et des chapelets de saucisses pendaient aux poutres de la charpente, des amphores s’alignaient le long du mur de pierres et une énorme marmite de ragoût mijotait dans la plus grande des deux cheminées. Une chatte tricolore ronronnait devant le deuxième foyer, plus petit, et situé à proximité du comptoir de Sara, la propriétaire des lieux.

    La séduisante femme déplumait un poulet de ses doigts agiles tout en bavardant avec l’un des ménestrels venu jouer sur l’estrade montée dans un coin. Il ne tarda pas à rejoindre ses collègues pour les aider à s’installer, laissant Sara à son travail.

Kjeld Ares :
    Le vent s’était levé et faisait claquer les volets, grands ouverts par ce temps trop chaleureux. Les rideaux blancs volaient dans les courants d’air et les fleurs, dans les jardinières, courbaient l’échine. Ça sentait la pluie imminente, une bénédiction par cette atmosphère étouffante. Marchant doucement dans une ruelle, Kjeld fut soulagé d’avoir réussi à atteindre la cité avant que l’orage éclate. Il allait au moins éviter une averse... à condition de trouver où s’abriter. Devant lui, un trio de jeunes garnements se dispersa, préférant interrompre leur jeu afin d’aller se mettre à l’abri. Parfois, le visage inquiet d’une femme sortait par une fenêtre ouverte et appelait sa progéniture.

    « Rentre à la maison, il va pleuvoir ! »

    Notre jeune vagabond levait alors le nez en provenance de ces voix bienveillantes, jalousant presque ces attentions maternelles dont il n’avait jamais bénéficié. En réalité, il se demandait quel effet cela pouvait bien avoir, de sentir quelqu’un s’inquiéter pour soi... Une rafale de vent plus violente que les autres le déstabilisa, manquant de lui faire perdre l’équilibre, si bien qu’il du se courber pour résister à cette poussée subite. Ses longs cheveux de suie changeaient de direction au gré du vent, tantôt flottant derrière lui comme un sillage sombre, tantôt lui giflant le visage et entravant sa vision. Puis il y eut un grondement de tonnerre et brusquement, la pluie s’abattit sur Ephtéria. Kjeld courba l’échine, surpris, puis se mit à courir sans savoir où aller, cherchant seulement de quoi s’abriter. Son attention fut attirée par le grincement lugubre d’une enseigne métallique. Une auberge ? Voilà qui était parfait. À vrai dire, ce n’était pas tellement le moment de se montrer sceptique ou exigeant. Aussi le jeune homme poussa t-il la porte des « deux cheminées », se réfugiant à l’intérieur.

    L’accueil fut des plus chaleureux et il apparut à Kjeld que l’auberge portait remarquablement bien son nom. En effet, deux cheminées de pierres protégeaient deux foyers crépitants, irradiant la grande pièce des reflets orangés de ses flammes. Le jeune homme se redressa timidement, agréablement surpris. Ça sentait la bonne cuisine et les braises. Les lieux étaient propres, hormis quelques flaques formées par les vêtements dégoulinant de ceux qui s’étaient laissés surprendre par la pluie, à l’image de notre voyageur égaré. Peut-être pourrait-il se reposer ici pour la nuit ? Mais à qui s’adresser ? Il n’en avait aucune idée et, intimidé, n’osa dévisager personne. Préférant se fondre dans la masse, il alla s’asseoir à une table isolée et attendit qu’un serveur ou une serveuse le remarque afin de passer commande.

Sara Eriksen :
    Mu par un reflex acquis au fil d’années de labeur dans son auberge, Sara leva brièvement les yeux à l’entrée de ce nouveau client potentiel avant de se tourner vers ses employés. Le nombre important de voyageurs venus s’abriter de la pluie ne leurs laissant aucun répit, la tenancière décida de reprendre son tablier de serveuse pour la soirée.

    Elle posa son poulet à demi déplumé loin du regard envieux d'un gros chien assis auprès de ses pieds et s'essuya les mains sur un chiffon. De sa démarche assurée, elle s'approcha du nouveau venu.

    Arrivé à sa table, Sara se pencha légèrement en avant, ce qui mit en valeur son décolleté généreux, afin de s’adresser plus commodément au jeune homme. Il faut dire que ce dernier semblait particulièrement gêné et qu’il gardait la tête baissée dans une attitude de profonde méditation bien qu’il regarda fixement ses mains.

    Elle se souvenait des paroles d’une ancienne connaissance, emporté depuis longtemps part une cirrhose, qui lui avait confié entre deux verres que l’on pouvait juger un homme à ce qu’il buvait. Etant donné que ce pilier de bar avalait chaque jour son propre poids en mauvaises bières, la jeune femme avait toujours pris en compte ses paroles au moment de prendre elle-même la commande d’un client.

    « Vous désirez quelque chose ? » demanda t’elle avec un petit sourire en coin destiné à délasser la langue de son interlocuteur. Ce dernier devait avoir une dizaine d’années de moins qu’elle, cependant l’aubergiste considérait avec maternité toute personne plus jeune qu’elle, ce qui n’était pas sans déstabiliser ses employés.

Kjeld Ares :
    « Juste un repas chaud, s’il vous plaît. Et... est-ce qu’il vous resterait une chambre ? »

Sara Eriksen :
    "Vous avez de la chance, il ne reste presque plus de chambres. Je vous apporte votre repas et votre clé tout de suite."

    Sara s'éloigna, prit la commande de quelques autres clients et revint quelque minutes plus tard chargé d'une assiette de ragoût de bœuf, de courge et de tubercule. Elle la déposa sur la table du jeune homme ainsi qu'une clé de bonne taille marquée du numéro 3.

    "Les chambres se trouvent à l'étage, si vous désirez autre chose n'hésitez pas à demander." lui dit elle en souriant.

Kjeld Ares :
    Kjeld fit un petit signe de tête en signe d’acquiescement. Comme à son habitude, il adoptait une attitude discrète, presque timide. Il voulu remercier la jeune femme, mais avant qu’il ai eu le temps d’ouvrir la bouche, elle était déjà repartie. Kjeld l’observa quelques secondes avant de détourner le regard, son attention étant attirée ailleurs. À une table voisine, un homme avait manifestement trop bu et il était partit d’un grand éclat de rire sonore, ponctuant chaque hoquet d’un coup de poing sur sa table. Son compagnon de tablé riait tout aussi fort, quoi qu’il sembla bien moins ivre... Les ivrognes... quels imbéciles. Rapidement, le jeune homme s’en désintéressa. D’expérience, il savait qu’un regard pouvait être mal interprété et il ne souhaitait pas risquer l’altercation. Inutile, donc, de donner à ces deux saoulards de quoi jeter leur fiel. Et puis Sara était revenue, un plat copieux en équilibre au bout de ses doigts experts.

    « Merci. » répondit tout simplement Kjeld.

    Il avait à peine forcé sa voix, de sorte que seule la jeune femme près de lui soit capable de l’entendre. Un instant, il observa sa clef. Dormir... cela ne l’enchantait pas vraiment et pourtant, ça devenait plus que nécessaire. En effet, son état de fatigue était tel qu’il lui arrivait de faire un peu n’importe quoi... dans le style, marcher des heures avant de se rendre compte qu’il se trompait de direction ! Kjeld ne put retenir un bâillement épuisé. Oui, ça devenait urgent, que cela ne lui déplaise.

    Tranquillement, il commença à manger, savourant chaque bouchée comme s’il s’agissait de la dernière. Il le savait, il ne goûterait plus à un tel repas avant longtemps, alors autant en profiter. Surtout que ce ragoût avait des allures de festin royal pour lui. Pourtant, à peine fut-il arrivé à la moitié de son assiette qu’il se sentit rassasié. C’est que... il y avait là largement plus de nourriture qu’il n’avait l’habitude d’avaler en temps normal. Mais gâcher lui déplaisait... non. On ne gâche pas la nourriture. Non, mais le fait était là : il n’avait déjà plus faim ! Il se redressa, hésitant. Puis lorsque Sara passa à quelques tables non loin de lui, il lui fit un petit signe de la main :

    « Excusez-moi. Serait-il possible d’emporter les restes ? »

    Combien de fois avait-il demandé cela ? Chaque fois qu’il soupait ailleurs que dehors à dire vrai. Et à chaque fois, les aubergistes le dévisageait comme s’il était fou...

Sara Eriksen :
    Sara servit une nouvelle tournée de bière à un groupe bruyant de fêtards avant d'aller tourner le ragoût pour qu'il n'attache pas. Constatant que le niveau de liquide avait fortement baissé elle retourna à son comptoir, se saisit d'une clé et descendit à la cave. Cette pièce était d'un calme étonnant en comparaison de la salle principale pleine des bruits de couverts et des chants des ménestrels. L'obscurité avait été repoussée dans les coins dévoilant à la tenancière l'étendue de ses réserves : des tonneaux de vin et d'huile, une quirielle de cagettes débordantes de légumes, et plusieurs meules ventrues de fromages. La cave étant particulièrement sèche Sara y avait également entreposé du grain et de la farine, et soigneusement rangés dans des petits pots de terre cuites ou pendus à des crochets le long du mur des épices et des aromates exhalaient des fragrances enivrantes.

    Sara saisit un panier vide et s’afféras quelques instants à le remplir d’oignons, de poireaux, de courgettes, de racines, d’un gros morceau de lard et enfin de quelques feuilles de laurier et de persil.
    Elle remonta, éplucha et coupa grossièrement les légumes et alla jeter le tout dans la marmite.
    Sara se retourna et aperçut le jeune homme timide qui lui faisait signe. Elle s'approcha.
    A la demande de son client, l'aubergiste haussat les sourcils avec étonnement et une pointe d'amusement. Mais après tout, comme disait l'ancien propriétaire de l'établissement : tant qu'il y a à manger sur la table, il faut en profiter car on ne peut pas savoir quand aura lieu le prochain repas.

    "Bien sûr, avez-vous besoin d'un récipient ?"

Zlata Bolt :
    Malgré la pluie diluvienne, l’air était encore lourd et suffoquant, il n’y avait aucun souffle d’air, pas même une petite brise pour rafraîchir l’atmosphère. La dernière fois qu’elle s’était rendue à Ephtéria c’était en hiver, le ciel était d’un gris morne et les rues étaient encombrées de neige brunâtre, à croire que Zlata ne verrait jamais cette ville sous un beau jour. La mercenaire Winghox marchait à grand pas sur une voie déserte à la recherche d’une taverne. Non pas qu’elle voulait fuir la pluie, ses bottes et son manteau imperméable étaient plus proches des affaires de marin que de combattant, mais sa bourse serait bientôt vide et la guerrière n’avait toujours pas trouvé un travail pouvant de nouveau la remplir.
    Zlata Bolt finit par s’arrêter devant une grande porte en bois poli, au dessus, une enseigne indiquait : Auberges des Deux Cheminées. La jeune femme grogna, il était moins facile de trouver un emploi à sa convenance dans des établissements trop bien tenus.

    Elle poussa tout de même la porte et pénétra dans la chaleur douillette de la salle principale. La guerrière scruta les personnes présentes d’un regard peu amène, quelques poivrots, trois ménestrels et pas mal de voyageurs lui ressemblant, mis à part la paire de cornes qu’elle arborait. L’orage avait forcé beaucoup d’habitant à s’abriter dans l’auberge, les places étant rares elle dut s’asseoir à la table d’un voyageur discutant avec la tenancière des lieux reconnaissable à son âge. Zlata s’étonna quelque peu de l’absence d’autre client à cette table, à croire que le jeune homme avait la peste. Pour patienter jusqu’à la fin de l’orage, elle commanda un gallone à un commis de quinze ans en lui tendant une piécette.

Kjeld Ares :
    « Merci, ça devrait aller. Je vais l’emporter dans ma chambre. »

    Il s’était tant habitué aux remarques ironiques des aubergistes lorsqu’il demandait une telle chose qu’il fut surpris par la réaction aimable de Sara. Cependant, il ne s’en plaignit pas, bien au contraire. À la table d’à côté, l’ivrogne de tout à l’heure venait de choir de sa chaise. Comment avait-il fait, cela restait un mystère. Toujours était-il qu’il pestait à présent contre l’odieux parquet qui l’avait reçu si brutalement. Des rires s’étaient élevés et puis brusquement, ce fut le silence total. Les conversations s’étaient tues et tous les regards étaient tournés vers la porte d’entrée qui s’était ouverte sur un nouvel hôte. Kjeld leva le nez à son tour et resta tout aussi surpris que l’ensemble de l’auberge. Les ménestrels eux-mêmes firent quelques fausses notes, surpris par le nouveau venu.

    En réalité, il s’agissait d’une hôte. Elle était grande, belle – à sa façon – et surtout, elle avait deux... cornes ? Kjeld reposa son verre d’eau, fasciné par la nouvelle venue. Le bandeau sur son œil lui donnait l’apparence d’un mauvais garçon, voire d’un pirate et un pirate mal luné à en juger par les regards qu’elle lançait autour d’elle. Un coup d’œil circulaire et elle vint s’asseoir à la table de Kjeld. Lui qui avait souhaité rester seul... et surtout, lui qui avait surtout souhaité se faire le plus discret possible ! Et bien c’était raté et les clients leur jetaient des œillades curieuses. C’étaient qui, ces deux là ? Quelques murmures s’élevèrent, puis les discussions reprirent et ce fut à nouveau le brouhaha général. Le saoulard avait regagné sa chaise (ou plutôt l’y avait-on aidé), l’orchestre était repartit de plus belle. Le jeune homme, lui, n’avait pas détaché ses yeux de l’inconnue. Et bien... puisqu’elle était à sa table, autant en profiter, non ?

    « Bonsoir. Je... euh... Pardonnez ma curiosité, mais... Ce sont des vraies ? » demanda t-il en pointant poliment les cornes du doigt.

Zlata Bolt :
    Zlata se tourna vers le voyageur, la guerrière avait prit l’habitude de s’asseoir à la gauche des personnes à qui elle s’adressait afin de pouvoir les regarder. Elle le scruta quelques secondes avant de répondre le plus poliment possible, le jeune homme s’étant lui-même montré courtois quoique maladroit :

    « Oui »

    Elle n’avait pas pu faire mieux. Malgré ses efforts pour se montrer calme, si ce n’est amicale, la voix de la mercenaire le démentait. Son timbre était rocailleux et guttural donnant l’impression à ses interlocuteurs de s’adressaient à une bête sauvage, la plupart en riaient. C’est d’ailleurs ce que fit l’ivrogne assis à la table d’à côté, il s’était jusqu’à présent contenté de lui lançer des coups d’oeil indiscrets. Elle tourna brusquement vers lui son regard de glace. Un petit sourire méprisant s’épanouit sur son visage en le voyant se ratatiner sur son siège. Il avait de la chance de s’être trouvé dans un lieu public, auquel cas elle n’aurait pas hésité à lui faire la plus grande frayeur de sa petite vie misérable d’ivrogne.

    Elle sirota sa bière en réfléchissant. Elle avait attiré l’attention générale sur elle, à son grand dam, ce qui semblait également mettre à mal le jeune homme à ses côtés. De plus bien qu’elle tentait de se montrer sympathique son mutisme naturel la faisait passer pour une rustre. Elle décida d’engager la conversation avec le voyageur, peut être qu’ainsi les autres clients se détourneraient d’elle :

    « Alors, vous êtes depuis longtemps dans la région ? »

Kjeld Ares :
    Il la regardait intensément et pourtant, ses yeux n’exprimaient rien d’autre que la curiosité, sans insistance déplacée ni quelconque intolérance. Face à ce qu’il ne connaissait pas, Kjeld adoptait souvent cette attitude. Positif, en retrait et proche à la fois, poussé par sa curiosité quasi enfantine. Ses yeux s’arrondirent sous la surprise.

    « Ça alors ! C’est la première fois que je vois quelqu’un avec... avec des cornes ! Vous n’êtes pas de ce royaume. » réfléchissait-il à haute voix.

    Autour d’eux, plus personne ne s’intéressait à Zlata. Plus personne sauf Kjeld, attiré malgré lui par un mystère qu’il ne s’expliquait pas. Et si la plupart des gens se contentaient de critiquer ou de rejeter ce – et ceux – qui ne leur ressemblaient pas, Kjeld lui faisait preuve de bien moins d’indifférence et cherchait systématiquement à en apprendre d’avantage. Le ton de la jeune femme l’avait laissé sans voix quelques secondes, intimidé par ce côté abrupte et austère, mais la curiosité était la plus forte. Et puis Kjeld était jeune, et à son âge, on ne réfléchissait pas toujours à ce que l’on faisait ou disait. Lorsqu’il la vit calmer l’ivrogne de la table voisine d’un seul regard, il sourit. Et lorsqu’elle engagea la conversation, son sourire s’élargit.

    « Je ne sais pas trop... »

    Sa voix s’éteignit sur ses paroles. Était-il né dans le royaume du nord ? Il l’ignorait. À vrai dire, il commençait même à en douter. Pourquoi ? Peut-être tout simplement pour se sentir en opposition avec Alastar, comme si cela pouvait le rassurer de ne pas être issu du même royaume que cet ivrogne qui avait si longtemps fait office de parent pour lui.

    « Et vous ? Venez-vous du royaume Ohime ? J’aimerais beaucoup m’y rendre un jour... et rencontrer les peuples qui y vivent. Accepteriez-vous de m’en parler ? »

    Inconsciemment, il posait tout un tas de questions sans même laisser le temps à celle qui partageait sa table de lui répondre. Curieux et enthousiaste, il ne se rendait pas compte de sa maladresse et souriait toujours avec retenue.

Zlata Bolt :
    Zlata soupira imperceptiblement, le gamin assis à ses côtés était particulièrement bavard et la guerrière aurait préféré s’abstenir de parler. Elle lui lança un coup d’œil et constata avec désarroi qu’il semblait particulièrement attentif à ce qu’elle pourrait dire. Elle but une nouvelle gorgé de bière afin de se donner de la contenance et répondit de sa voix rauque :

    « Je viens d’un autre lieu. Wingdrakk. Au sud d’ici. Je ne suis passée en royaume Ohime qu’une fois. C’est grand, chaud et évolué, ils ont de bons systèmes de constructions. Les Ohimes sont assez différents d’ici. »

    Elle attendit avec un peu d’appréhension la nouvelle vague d’interrogation qui ne manquerait pas d’arriver en regardant son voisin de table du coin de l’œil.

Kjeld Ares :
    « Wingdrakk...? » répéta Kjeld.

    La tonalité enthousiaste qui avait animé sa voix quelques secondes plus tôt s’était tue, au profit d’une plus grande discrétion. Il semblait à la fois déçu et surpris, presque effrayé. « Wingdrakk... Les Ohimes...? Je n’ai jamais entendu parlé ni de ce continent ni de ce peuple. » pensa t-il. Un instant, il se demanda s’il était possible que lui-même soit issu de ces contrées lointaines qu’évoquait l’invitée à sa table. Pourtant, elle ne semblait pas encline à parler et Kjeld du se résoudre au silence, ne souhaitant pas insister. Il baissa les yeux, observant bêtement son assiette à moitié entamée. Le brouhaha de la salle commençait à lui taper sur les nerfs et il fallait qu’il dorme... bien qu’il n’en ai pas véritablement envie.

    Sans plus ajouter un seul mot, il finit son verre d’eau puis se leva doucement, emportant avec lui son bol sculpté dans le bois et le reste du ragoût qui y flottait au fond.

    « Et bien je ne vais pas vous déranger d’avantage... Bonne soirée madame. » lança poliment Kjeld en jetant un dernier regard curieux sur les cornes de Zlata.

    Puis il se dirigea vers l’escalier et monta à l’étage, direction la chambre numéro 9, comme cela était gravé sur sa clef.

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Avant de partir

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 12:39

Kjeld Ares :
    Comme Kjeld s’y était attendu, la nuit avait été longue, éprouvante et – au final – bien peu reposante. Encore une fois, il avait été victime de ses rêves étranges, comme un spectateur qui ne pouvait guère faire autre chose que subir d’horribles images sans aucun contrôle sur ces dernières. Cette fois-ci pourtant, les suggestions avaient été plus pressantes. Il avait revu la jeune femme, celle avec les cornes qui avait partagé sa table la veille. Pourquoi elle ? Sans doute à cause de la curiosité qu’elle suscitait chez lui, mais il n’y avait pas que cela. En réalité, son inconscient tentait de lui faire passer un message, de lui faire comprendre quelque chose d’important. Elle était l’une des pièces du grand puzzle qu’il tentait de résoudre depuis quelques années.

    Le jeune garçon avait rendu sa clef, payé et remercié la gentille aubergiste répondant au nom de Sara, puis il était sortit et déambulait à présent dans les rues d’Ephtéria. Il était encore tôt et il avait plu toute la nuit, si bien que l’atmosphère était encore fraîche, même si l’on devinait aisément que la chaleur n’allait pas tarder à s’abattre sur la grande cité fortifiée. Les enfants dormaient encore et seuls quelques commerçants avaient eu le courage de mettre le nez dehors, préparant leurs échoppes colorées pour le marché. La journée s’annonçait animée.

    Mais Kjeld était ailleurs. Ephtéria, son marché, il s’en moquait. Ce qui l’obsédait tout à coup, c’était la femme aux cornes et tout ce qui pouvait s’étaler autour du royaume. Il voulait voir les Ohimes de ses propres yeux et mettre les pieds sur ces terres... comment était-ce déjà... Wingdrakk ? Il se redressa, réajustant sa francisque dans son dos.

    Oui. Il irait vers le sud...

Zlata Bolt :
    Après le départ du jeune homme Zlata avait siroté sa bière en observant les clients à la recherche d’un employeur potentiel. Un homme de haute taille et d’aspect sinistre lui avait finalement fait signe de s’approcher depuis son alcôve. Zlata ne se l’était pas fait dire deux fois et s’était joint à cet étrange personnage pour partager un repas frugal. Après s’être enquis de façon plus ou moins détournée des capacités de guerrière de la Winghox il lui confia que le Roi Livian désirai la voir. Elle se rendit donc au palais où elle se vit confier un paquet de la taille d’un pain devant être remis à un geôlier d’Ohime Quinah. Le voyage était long et rude, mais la paie en valait la peine et la guerrière était garantie de retrouver du travaille dans la titanesque cité du désert. Comme dans toute affaire louche qui se respecte aucun contrat ne fut signé mais Zlata recevrai son argent à la fin du voyage, de plus le paquet devait évidemment rester ficelé.

    La tenancière de l’auberge, qui devait également souvent traîner dans des trafics pas toujours légaux, laissa la guerrière dormir dans la petite écurie adjacente à l’établissement sans demander de service en retour. Au petit matin elle quitta les lieux sans s’attarder en ville. Zlata n’avait pas besoin de vivre, se nourrissant généralement de la viande qu’elle chassait, mais elle acheta tout de même un pain et remplit son outre à une fontaine public.

    Arrivé sur une des grande rue menant aux portes de la cité la mercenaire aperçut le jeune homme curieux de la veille. Elle se souvint de la curiosité dont il avait fait preuve envers les terres du sud et hésita à l’interpeller. D’une part elle savait que le voyage vers le sud n’était pas sans risque, aussi l’aide du jeune ne serait pas de trop. Cependant Zlata devait se montrer discrète quand à son travail. Elle prit finalement sur elle et s’approcha du jeune voyageur en le saluant avec sérieux.

Kjeld Ares :
    Une voix rauque avait attiré son attention alors qu’il s'apprêtait à quitter la magnifique cité d’Ephtéria. Kjeld se retourna discrètement, sans savoir si c’était bien lui que l’on interpellait. Il balaya la grande rue du regard et se heurta à une vision familière. C’était elle, la femme à la voix grave, aux cornes étranges et à l’œil masqué par un bandeau. Était-ce un hasard ? Peut-être. Il s’arrêta, voyant que c’était elle qui l’avait appelé. Son joli visage reflétait un air grave et sérieux. Qu’avait-elle de si important à lui dire ? Durant quelques secondes, le cœur du jeune homme se mit à battre. Et si la femme curieuse avait une révélation importante à lui faire ? Il se retourna tout à fait afin de lui faire face.

    « Bonjour. »

    Il remarqua quelques brins de paille dans les cheveux et sur les vêtements de la jeune femme. Elle n’avait donc pas trouvé de chambre et avait certainement du se contenter d’une étable ou d’une écurie. Combien de fois Kjeld avait-il procédé de la même manière ? Il s’était arrêté de compter. Après tout, compter ce genre de choses n’avait aucune utilité.

    « Bien dormit ? » demanda t-il poliment.

    Il ne savait pas trop comment l’aborder et préférait attendre qu’elle fasse le premier pas. Manifestement, c’était elle qui avait quelque chose à lui dire.

Zlata Bolt :
    "Mieux que vous" répondit elle en fixant les cernes violacées s'entendant sous les yeux noir du jeune homme.

    "Je me rend à Ohime Quinah. Vous sembliez intéressé par cette région, voulez vous m'accompagnez ?"

    Comme à son habitude Zlata s'était exprimé de façon précise, brève et sans aucune subtilité. Cependant son ton calme et son attitude sérieuse donnait plus une impression de logique implacable que d'impolitesse.

Kjeld Ares :
    À la réponse inattendue de la jeune femme, Kjeld fit une petite grimace à demi vexé. Oui, bien entendu qu’elle avait dormit mieux que lui... ce n’était pas bien difficile d’ailleurs. Il se recula et baissa légèrement la tête afin de laisser le soin à ses cheveux de dissimuler en partie son visage. Simple rideau de soie noire... Mais la suite lui fit relever le menton.

    « J’en serais ravi ! Je comptais m’y rendre de toute façon, mais un guide ne sera pas de refus. » déclara t-il avec un enthousiasme retrouvé.

    Le comportement presque froid de la Winghox ne semblait pas le déranger outre mesure. À vrai dire, à force de vivre toute l’année coupé du monde, il préférait la compagnie d’une personne autonome et distante. Au moins, il n’aurait pas à faire d’effort de sociabilité... un mot dont il ne connaissait que trop peu la signification.

    « Par où irons-nous ? »

Zlata Bolt :
    "Le mieux, c'est de descendre à Aspasie , puis de poussé jusqu'à Guttenvald . Ainsi on pourra se ravitailler facilement sur le début du voyage. Ensuite l'idéal serait d'obliquer vers l'ouest pour franchir les montagnes dans une des passe les plus faciles, je ne tient pas à faire de l'alpinisme. On suit la montagne sur quelques jours, puis on bifurque pour le sud."

Kjeld Ares :
    Kjeld acquieça. En réalité, il n'avait pas tout suivit des explications de la jeune femme. Guttenvald ? Il en avait vaguement entendu parler... Un village peu amical avec les étrangers. Il avait entendu beaucoup d'anecdotes de voyageurs qui avaient failli y laisser leur peau. Et si un homme du coin était mal vu à Guttenvald, alors il y avait fort à parier que cette femme arborant deux cornes serait encore plus mal reçue... Un frisson parcourut la colone vertébrale du jeune homme. Son voyage s'annonçait long et difficile... mais c'était toujours mieux que de tourner en rond sans jamais rien apprendre de ses origines.

    « Et bien je vous suit. » dit-il en réajustant la sangle qui maintenant sa francisque dans son dos.

    Elle n'arrêtait pas de glisser depuis ce matin, attachée trop vite sans doute. Puis Kjeld tendit la main vers la jeune inconnue. Le visage calme, déterminé et pourtant aimable.

    « Je m'appelle Kjeld. »

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La suite : Le ventre est le moteur de l'homme.

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