[libre] Même les draps sentent le poisson !

Ville portuaire très animée et appréciée des voyageurs, Balaïne est accrochée sur les côtes nord-est de Nideyle. Elle est placée sous l'autorité du Roi. La flotte royale attire d'ailleurs de nombreux curieux, comme de redoutables pirates. Amis marins, cette ville est à vous !

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Mektild Bolt » 25 Sep 2010, 18:26

Pouarf t'inquiète pas, c'est parfait.

La jeune femme tourna la tête avec désinvolture. Quelle ne fut pas sa surprise de reconnaître ce satané cabot, à ses pieds. Il n'était pas difficile à identifier, avec une couleur pareille et le pantalon en bandoulière autour du cou. Et pourquoi pas un tonnelet de Rhum tant qu'on y était ? Son jappement la fit sursauter... non mais quel pot de colle ! Elle grommela quelque chose à mi chemin entre l'insulte copieuse et la fierté ravalée, on se savait pas trop, avant de se décider sur le sort à lui réserver.

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« C'est quoi ton problème ? T'as pas eu ton compte ? Si y'a que ça, je peux te tailler les griffes à coup d'épée ! »

Un homme richement costumé lui jeta un regard outré. Elle devait passer pour une aliénée à tailler la bavette avec un chien. Et puis d'ailleurs, il était tout à fait honteux qu'elle ose se déplacer ainsi accoutrée. Non mais, ces tenues-là étaient réservées aux hommes. Où était sa robe ? Et son maquillage ? Et ses bonnes manières ? Et son mari – parce qu'après tout c'était bien à lui de l'éduquer ! On n'avait pas idée de parler si fort avec une voix si rauque et un vocabulaire si châtié.

« Mademoiselle, tenez donc votre chien en laisse, c'est dangereux enfin ! » lui reprocha-t-il d'un ton scandalisé.

Mektild leva à peine les yeux vers lui, encore occupée à épier Ordalie en se demandant de quelle manière elle pourrait bien satisfaire ses envies de meurtre... La pauvre, elle n'avait plus tué depuis si longtemps... Ceci dit, il était drôle ce chien. Il pourrait bien lui être utile plus tard ou éventuellement lui procurer quelques fou-rire en chemin. Et si elle l'épilait poil après poil ? L'homme toussota comme pour appuyer son hypothétique autorité, et elle se rappela tout à coup qu'il venait de lui manquer de déférence, à elle.


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Sans rire, il est dangereux mon chien ? Tu veux la manger, ma lame ? »

La seconde suivante, elle se désintéressait déjà du noble resté tout choqué – pas dit qu'il s'en remette – et sans prendre la peine d'observer l'effet improbable qu'avait pu avoir ses paroles, elle reprit sa marche en direction... Bonne question d'ailleurs. Ça ressemblait vaguement à un quai comme il y en avait dans les ports, sauf qu'en guise d'océan s'étalaient les plaines, et la brume. Sur l'esplanade de pierres et de pavés se bousculaient une foule diverse. La majorité semblaient riches, voir très riches. Des femmes en robes de soie et aux corsets serrés s'éventaient, la tête haute et le regard méprisant – surtout lorsqu'il se posait sur Mektild et Ordalie – et les hommes discutaient entre eux en se donnant un air important. Dans les coins d'ombre, des enfants en culottes courtes et aux genoux écorchés chargeaient des bagages plus lourds qu'eux dans les compartiments. C'était étrange, presque fascinant. Et si n'importe qui ce serait émerveillé de tant d'agitation, Mektild n'avait guère qu'une envie : en gifler un ou deux. Mais tout de même, vu de près, la locomotive l'appelait et la suppliait presque – à grand renforts de râles chauds – de monter à bord.

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Je te parie qu'ils vont nous demander de l'argent, pour entrer ! Enfin pour toi je sais pas, t'es un chien... Dis, si tu veux m'apprendre à me changer en bouquetin, c'est le moment ou jamais hein... Parce que y'a du bétail, dans ce wagon-là, et les bestiaux n'ont pas l'air d'avoir à payer, eux... »

Oui et bien on ne peut pas avoir passer une semaine en mer à se battre contre les éléments et prétendre tenir un raisonnement cohérent une fois à terre...

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Messagepar Ordalie » 25 Sep 2010, 18:44

Il ricana comme un chien tousse. La gueule ouverte sur ses canines menaçantes et comme un rire rauque, un rire enfumé. Bien qu'il n'ait jamais touché une cigarette de sa vie, c'était comme ça qu'il pouvait rire sous cette forme de cabot. Et franchement, un si gros chien qui rit... N'avait pas semblé aider ce noble à avoir confiance en l'animal. Tant pis pour le badaud trop chiquement habillé qui subit l'humeur si singulière de la femme en armure.
Il eut même le chic de se placer une patte sur le museau et de pencher la tête quand il vit l'air outré du passant... Il l'avait pas volé, et elle avait l'art et la manière de se faire des amis.

L'odeur de cendre et les relents de parfums lui brûlaient presque les narines. Il éternua plusieurs fois sous le regard des impatients devant le train et il n'eut pas l'impression d'attirer réellement les regards. Il faut dire que sa compagne de fortune (et c'était le cas de le dire) était plus haute en couleur que lui, et il faut le faire tout de même !
Et quand elle lui parla de lui apprendre à se changer en animal il rit une fois encore et attira pour de bon les regards sur eux. Ce n'est pas pour autant qu'il s'est arrêté de se poiler gaiement. Et ça allait bon train sur les commentaires et les regards de travers... La foule s'éloignait d'eux quand ils avançaient, comme si ce grand nombre de personne avait peur de se faire mordre, par l'un ou l'autre.

Il passa devant Mektild et trotta jusqu'aux marches pour monter dans la wagon. Le contrôleur le regarda d'un oeil mauvais et porta toute son attention sur "la propriétaire du cabot". Lui aussi s'était retourné à mi-chemin entre le wagon et l'extérieur et l'observait sans mot dire. Enfin, presque. Le contrôleur la héla :

-Votre ticket ou ce chien reste dehors.

Dilemme. Il l'aidait à monter ou ils étaient bons pour rester tous les deux sur le quai. Le contrôleur leva la main en signe d'impatience, Ordalie fit mine de prendre ça pour une menace. Il descendit du wagon et se posta devant le contrôleur tous crocs dehors. L'homme face à ce grand chien rouge comme le sang et bavant comme un enrageant eut bien du mal à ne pas prendre ses jambes à son cou.
L'homme était à deux doigts de céder, il n'osait plus bouger un cil si ce n'est qu'il demandait comme un rat piégé que Mektild veuille bien récupérer son fauve.
Il aboya une ou deux fois. L'homme sursauta et se tassa sur lui-même.
Et maintenant, soit ils entraient soit ils se faisaient enfermer... Hum, l'idée était un bonne, juste un peu risquée.

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Mektild Bolt » 27 Sep 2010, 16:54

Cette façon de pouffer qu'il avait lorsqu'il était chien était à s'étrangler de rire à son tour. On aurait dit Diabolo, dans le fameux dessin animé dont elle ignorait parfaitement l'existence. Encore faudrait-il qu'elle sache ce qu'est une télévision, déjà. Ces choses-là ne l'intéressaient pas. Tout ce qu'elle voulait, elle, c'était la peau de sa sœur pour s'en faire des chaussures ! Et si la tradition voulait qu'elles soient faites en peau de chèvres, elle ferait une exception pour Zlata... Le tout, c'était de lui mettre la main dessus. Mais pour l'instant, le train la fascinait. Elle voulait monter, visiter, regarder, comme une sale petite fouineuse inopportune. Mais voilà, il y avait le contrôleur.

Le petit manège d'Ordalie n'était pas pour déplaire à la petite cornue – parce que finalement, Mektild n'avait de grande que sa bouche. Elle souriait, plantée derrière « son » chien, à l'observer filer la trouille au fameux contrôleur. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait, elle n'avait aucune idée de ce qu'était un contrôleur. C'était la première fois qu'elle en voyait un pour tout dire, et ça lui déplaisait déjà. Une sorte de gardien de la bête métallique qui, comme un mari jaloux, trop susceptible ou trop égoïste, leur refusait la montée. De quel droit ? Parce qu'elle puait le poisson ? La faute à leur satanée ville bâtie trop près des cales des chalutiers. L'odeur des poubelles ? Qu'il se plaigne aux marins qui l'avait obligé à franchir cette maudite palissade ! À ce souvenir, ses ongles grattèrent la hampe de sa hallebarde. Et si elle l'embrochait comme un bouc, là, maintenant ? Elle soupira. Vraiment ! Soit l'intégralité du peuple du royaume du nord était suicidaire, soit ils menaient une vie assez proche de la servitude des mâles de Yeillstrand... parce que sans vouloir être désagréable – même si en réalité Mektild se soit toujours bien moquée de l'être – ces hommes-là n'avaient aucune autorité. Elle était passée où, leur virilité ? Enfouie derrière les perruques à boucles noires ? Échangée contre ces bagues où crânaient les joyaux les plus arrogants ? Étouffée par les pantalons si serrés qu'il était étonnant de ne pas les entendre parler avec une voix de castra ? Inhibés par les parfums musqués peut-être ? Bah ! Quelle importance, le résultat était le même. Finalement, l'embrocher serait peut-être une manière comme une autre de lui rendre service, à celui-là. Elle souleva son arme d'hast et laissa la pointe métallique peser sur l'extrémité, la faisant basculer en guise de menace devant le menton de ce satané contrôleur.


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Je n'ai pas de ticket ! »

Et si elle avait été au courant des usages d'un tel métier, elle lui aurait volontiers proposer de l'oblitérer à coup de lame. Dommage, elle perdait une occasion de faire de l'humour.

« Je... je veux bien vous laisser monter, mais vous devrez vous rendre utile...

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png_ Raconte.

_ Il faudrait vous rendre à l'avant. Le chauffeur est rentré chez lui et le mécanicien a besoin d'aide. »

Mektild eut un sourire. Sans savoir de quoi il était question, ça l'amusait déjà. Alors elle fit revenir sa hallebarde et tourna les talons, direction ce qui lui sembla être l'avant du quai, envoyant quelques regards noirs à ceux qui osaient encore la dévisager. Quoi ? Ils n'avaient jamais vu une femme accoutrée comme pour aller à la guerre ? Elle se fraya un chemin à coups d'épaules avant de s'arrêter devant la locomotive, encore fébrile sur ses roues, sans comprendre que toute cette agitation de nobles était due au retard que prenait le départ. Son regard d'ambre se planta sur le mécanicien et, sans demander quelconque autorisation, elle grimpa à bord. L'homme la dévisagea un instant, jetant sur son chien un regard inquiet, avant de se décider enfin à parler.

« Vous êtes le nouveau chauffeur ? C'est parfait, nous sommes terriblement en retard vous savez. Rajoutez-moi du combustible là-dedans. Expliqua-t-il en désignant le foyer, puis, lorsque son doigt tapota les cadrans de régulation, et vérifiez la pression, qu'on ne finisse pas sur la lune ! »

Bizarrement, son sourire franc et son ton abrupt ne lui inspira aucune envie de meurtre, et elle se contenta d'acquiescer comme une gentille petite fille sage. Elle posa sa hallebarde dans un coin et se mit à l'œuvre. Ce n'était pas bien compliqué, même un demeuré de chez Yeillstrand aurait pu le faire... Aussitôt, la chaleur de foyer ouvert lui rougit le visage. Tiens, elle était tout à fait assortie à Ordalie maintenant qu'on y regardait de plus près. La cheminée se mit à cracher de gros nuages, émettant des râles dignes d'un dragon mal embouché, et la locomotive se mit à vibrer. Le mécanicien actionna le sifflet, signal du départ, et l'immense machine s'ébranla. Mektild referma la trappe du foyer et se redressa, en sueur, le métal de son armure lui brûlant la peau. Trop, c'était trop... et elle se laissa tomber sur le plancher, épuisée par l'effort après de si longues journées de sous alimentation. Elle leva une jambe et d'un coup de talon brutal, fit céder la poignée d'une porte, sur sa gauche. L'ouverture se fit toute grande sur le paysage qui défilait doucement... puis de plus en plus vite. Ah ! De l'air.

Son ventre gargouilla tellement fort que le mécanicien se retourna l'air affolé, croyant à une avarie de la machine. Lorsqu'il compris, il se contenta d'un éclat de rire et détourna son attention pour s'occuper de ses commandes. Lasse, Mektild tourna sa tête échevelée vers Ordalie.


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Rends-toi utile toi, vas plutôt me chercher à manger ! Avec tout cet Ore que tu as volé, tu peux bien m'offrir un repas non ? »

Je te laisse décider de la destination de ce train.

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Ordalie » 01 Oct 2010, 16:28

Os'ef la destination, on verra ça plus tard 8) y a le temps

Battant de la queue et souriant de toutes ses canines, Ordalie alla se caler contre le mollet de sa "maitresse" du jour devant le contrôleur qui en aurait dans son pantalon tant le duo était flippant. Un gros chien rouge (rouge ? Qui a eu l'idée de pondre un animal pareil, on se le demande !) et une femme mieux fagotée pour un massacre que pour prendre le train. Là, oui, il avait de quoi rendre son déjeuner... Jamais il n'aurait pensé que Mektild se serait "rendue utile" pour prendre le train. Un instant il l'avait imaginé monter dans le train sans payer, juste en assurant le pauvre employé qu'il garderait sa tête jusqu'à sa prochaine saute d'humeur. Mais non, elle s'en était allée vers la locomotive et lui, bien obligé de la suivre pour ne pas trop attirer les soupçons, la suivit les oreilles dressées et le regard plein d'interrogations. Elle était peut-être capable de "gentillesse" après tant d'altruisme !

Oublions ça, hein ? Il s'attendait à voir un machiniste s'en prendre plein le chou lui aussi, mais non. C'est ainsi qu'il observa la jeune femme remplir le fourneau de charbon, lui même assit sur son derrière (au sens propre comme au figuré) à l'observer toujours plein d'étonnement dans son regard canin. Il se souvenait de la charge monumentale quelques heures plutôt contre quelques marins malchanceux et trop téméraires, et là... Elle travaillait sans rien dire en plus !

Ah quand même ! Elle s'arrêtait de travailler pour un repos bien mérité (et il était d'accord pour le mérite) avant d'en revenir à lui. Il baissa les oreilles, une humeur joueuse sur son faciès animal, et battant de la queue il s'approcha d'elle la langue pendue sur le côté alors que la chaleur était franchement étouffante dans l'habitacle. On ne met pas un animal aussi poilu dans un tel engin, et il avait pensé prendre le train sur une siège douloureux à côté d'une fenêtre, pas dans la locomotive même.

Il aboya à faire sursauter le mécano qui l'observa en coin en l'injuriant de la fermer. Et dans le dos du gaillard, il reprit patiemment forme humaine. Nu comme un vers mais son pantalon pas loin fut vite remit sur ses gambettes. Quand le mécano se retourna la minute d'après il sursauta à nouveau en injuriant tout les malheureux qui auraient pu prendre place au panthéon (sa mère en première).

-Mais qu'est-ce que tu fous là toi ?

Passant une main dans ses cheveux rouge comme son précédent pelage, il ignora superbement l'homme pour se pencher sur Mektild.

-Je m'appelle Ordalie. Tu veux quoi au déjeuner, cuisseau de mécanicien ou je vais voir ce qu'ils servent à l'arrière du train ?

Lui, le mécanicien ne l'aurait pas rebuté pour un déjeuner copieux, sachant que la longue nuit passée lui avait donné faim !

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Mektild Bolt » 05 Oct 2010, 15:29

C'était un peu ça Mektild : un paradoxe ambulant. Tantôt rebelle, tantôt servile. Tantôt meurtrière, tantôt généreuse. Seulement pour avoir le privilège de surprendre ses bons côtés, il fallait se lever de bonne heure et encore, un jour de chance. Avait-elle déjà aimé ? Pas à sa connaissance, ni à la mienne, sauf si l'amour de la violence vous parle. Les relations quelles qu'elles soient n'étaient pas son fort et finissaient bien souvent très mal... Ce qui me fait penser que d'ici qu'Ordalie ne finisse en descente de lit, il ne devrait plus lui rester que quelques heures. Qu'il en profite ! En attendant, il l'amusait encore, et l'entendre se présenter la fit sourire. Ordalie. Tu parles d'un nom pour un chien.

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Mange-le si tu veux, moi je suis pas cannibale. Vas plutôt voir ce qu'ils servent dans leur wagon-restaurant. J'ai cru comprendre qu'il y avait un machin de ce genre accroché derrière. »

Ou comment passer mille mètres au-dessus de toute notion d'amabilité. On aurait dit des ordres tant sa voix se perdait dans les tons abruptes. Comme quoi elle aussi savait aboyer. Elle se releva pour ajouter une pelleté de charbon au foyer avant de se tourner vers le mécanicien qui ne cessait de râler à propos d'un passager clandestin, d'allusions vexantes à son encontre et de l'odeur de poisson que dégageait Mektild. Selon lui, ils étaient trop nombreux dans la cabine et les touristes n'avaient rien à y faire... encore moins les chiens. La jeune femme le toisa, son regard d'ambre appuyé sur sa nuque. Est-ce qu'il sentit la morsure de son agacement ? Toujours était-il qu'on ne l'entendit plus. Non mais dis, c'est qu'il croyait qu'elle lui rendait service pour être assommé par ses jérémiades ? Son regard coula vers sa hallebarde, appuyée sur une cloison.

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« C'est compliqué à conduire ton engin ? »

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Messagepar Ordalie » 07 Oct 2010, 22:04

Wagon restaurant... Effectivement, ça lui parlait aussi. De la cendre dans les narines il étouffa un éternuement digne d'un chien mouillé et fila de la locomotive. Passer d'un wagon à l'autre n'était pas bien compliqué, il suffisait de ne pas trop regarder en bas. On le dévisagea sous toutes les coutures quand il traversa les quelques wagons le séparant de sa destination. Le problème de son torse nu aux regards outrés des bien lotis ayant payés leur place n'était rien comparé à ses pieds nus et à son corps couvert de cicatrice. De la suie s'était déposée sur la toile de son vêtement et ses poches rebondissait de quelques éclats métalliques. Non, franchement, il ressemblait à ces hommes qui prenaient le train assis en tailleurs les uns face aux autres et passant le temps en jouant aux cartes, en pariant tout même leur chemise. Son sourire joyeux non plus ne l'aidait pas à ses faire des amis parmi cette bande de joyeux lurons habillés de tout le mépris dont ils étaient capable. Après tout, qu'est-ce que ce jeunot sans le sous venait faire dans leur train ? C'est la question que s'est aussi posé le contrôleur en le voyant passer sous son nez.

-Hep ! Minute garçon !

Ordalie se figea pour tourner sur l'homme son regard obsidien.

-Hum ?
-Votre ticket.

Ordalie pencha la tête faisant mine de ne pas tout à fait comprendre. Le contrôleur essaya bien de lui expliquer à l'aide de "carton", "encore", "composté" mais le morphe le regardait toujours l'air de ne rien y comprendre.

Non pas qu'il n'avait pas compris mais le chien se demandait subitement si ce contrôleur se souviendrait de lui. Normalement, oui, sous une autre forme. Alors il sourit de toutes ses dents et dans un chuchotis mima un chien qui aboie. Le contrôleur pâlit et recula d'un pas. Qu'il se souvienne, qu'il fasse le lien entre le garçon aux cheveux rouges et le chien, ou tout simplement qu'il le prenne pour un dangereux malade mental, toutes ces solutions convenait au cabot.
Le chien se fraya un chemin entre l'homme et les coins des sièges. Il passa ainsi plusieurs longueurs de rames avant de tomber nez à nez avec une odeur de pain chaud. Il avait trouvé.
Quand il fut revenu à la locomotive c'est deux miches de pain sous le bras et un fromage enfermé dans un torchon dans la main. Il s'engouffra dans l'habitacle surchauffé et s'exclama brusquement :

-À table !

Mektild, une psychopathe ? Il est tellement candide qu'il n'y croirait pas même si elle lui fourait sa hache entre les dents. Que voulez-vous, il oublie vite...

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Mektild Bolt » 09 Oct 2010, 18:14

À peine Ordalie eut-il le dos tourné que Mektild reprit sa pelle et enfourna encore un peu de combustible dans le foyer. À ce rythme, elle serait plus épuisée en arrivant que le train lui-même. D'ailleurs, elle était à moitié persuadée qu'elle perdait d'avantage de vapeur d'eau que cette fichue cheminée... Tout ça à cause de... rah ! Elle ne savait fichtre pas à qui la faute revenait, mais ce n'était sûrement pas la sienne ! Elle aurai dû laisser le chien égorger le contrôleur tiens. Elle devrait même le laisser égorger le mécanicien ! Et affamée, elle referma la porte du foyer à grand coup de botte, râlant sous le coup de la douleur que cela provoqua à ses orteils. Bon sang, on n'avait pas idée d'inventer une machine pareille. Décidément, ce n'était pas son jour... et pourtant, ce jour venait à peine de commencer. Cela dit, Mektild n'était pas du genre à croire une journée prédestinée à être mauvaise ou bonne et se contentait de prendre les choses comme elles venaient, avec sa philosophie toute particulière. Aussi, elle alla se placer dans l'ouverture du compartiment, offrant son visage au vent et savourant l'air frais qui l'apaisait très légèrement. Au loin, elle vit de toutes petites silhouettes pointer leurs bras vers eux depuis les chemins. Quoi ? Elle appuya ses deux coudes sur le rebord métallique, les épaules affaissées et un soupir de lassitude sifflant presque plus fort que le train lui-même. Le mécanicien se tourna à demi vers elle, avant de vérifier l'état du foyer et des jauges de pression. Tout allait bien, si ce n'était que le chien avait disparu, et l'homme à moitié nu à sa suite. Il se passait vraiment de drôles de choses dans sa locomotive.

« Fatiguée ? Lança-t-il d'un air goguenard. Ce n'est pas un travail pour une femme, n'est-ce pas ? »

Mektild lui jeta une œillade glaciale qui l'accusait de toutes ses contrariétés. Qu'il gratte encore un peu de ce côté là et... Elle arrêta son regard sur les gestes du mécanicien. Il poussait et tirait les leviers alternativement, dans un ordre et avec une logique tout à fait... mystérieux ! Ça lui rappelait d'ailleurs qu'il n'avait pas répondu à sa question. Elle haussa les épaules, décidant qu'elle avait trop faim pour se laver de l'affront qu'il venait de lui faire. Et puis curieusement, l'autorité de cet homme bourru la détendait... mais ne me demandez pas d'expliquer pourquoi ! Elle se contenta de l'observer brièvement, se demandant vaguement où étaient ses faiblesses, et de quelle manière elle devrait s'y prendre si l'envie de l'empaler sur ses commandes bizarres lui traversait l'esprit – ce qui était déjà le cas depuis un moment. Ses réflexions furent interrompues par Ordalie qu'elle avait failli oublier, et qui fit sursauter la petite assemblée. Ah oui, elle avait faim ! Et l'odeur du fromage emprisonné dans son torchon lui mit l'eau à la bouche tandis que l'autre râlait d'avoir de nouveau été surpris, y allant de jurons très fleuris pour exprimer son agacement. C'était une locomotive qu'il conduisait, pas une cour ouverte aux bouffons et aux manants. Mektild tira son épée... un peu extrême pour couper le fromage ? Mais non ! De ce voyage, elle se sortirai avec une délicieuse effluve de poisson-fromage, c'était écrit !


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Ah ! Fais-moi fondre ça devant le foyer ! » sourit-elle (miracle !) en salivant rien qu'à l'idée d'un bon repas.

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Nilïn Matoé » 12 Oct 2010, 00:34

Une grande agitation m'entoure, je viens juste d'échapper à la mort, mais mon voyage risque bien de s'arrêter ici. J'aurais mieux fait de m'abstenir d'agir en journée... Le porc-épic vit la nuit, si j'avais continuer à suivre les habitudes de mon animal-totem rien de tout cela ne serait arrivé.


Il n'y a pas grand chose à dire sur ces derniers mois:
J'ai quitté ma forêt pour Neo-Babel, Iloak m'avait dit: "c'est une ville énorme, on la voit de très très loin"
J'ai été naïve de le prendre au mot, le monde extérieur est vaste, beaucoup trop vaste... J'ai oublié les cartes que m'avait montré mon protecteur... et je me suis perdu.
J'ai marché longtemps, toujours de nuit, une fois la forêt disparu je me dirigeais au hasard. Je trouvais à manger des racines ou des baies selon la saison, le jour je creusais le sol dans un sous-bois et dormais là. Je croyais toujours voir bientôt la "grande ville" et retrouver Iloak. J'ai préféré éviter tout contact avec les peuples que je croisais sur ma route.
Oh! il y a bien eu quelques aventures, mais elles sont peu de choses en fin de compte.


Aujourd'hui je me suis lancée: à l'aube je suis parti en ligne droite vers un village que j'avais repéré. En chemin j'ai vu ce à quoi s'occupe les habitants: ils font pousser des plantes, mais bizarrement ils les regroupent en parcelles et ne font pousser qu'un seul type de chose dans chacune d'elle. J'avais déjà remarqué ce genre de pratique et l'idée est manifestement folle, voit-on ceci dans la nature? Un instant j'ai pensé rebrousser chemin, pour mon malheur je n'en fis rien.
Comme j'avançais vers les habitations j'ai vu trois Hommes venir vers moi, je me suis allongée dans les blés avant d'être vu. Ils parlaient la langue commune, mais ils avaient comme du mal à articuler et la teneur de leur conversation me paru complètement absurde... Ils buvaient aussi, à tour de rôle, un liquide rougeâtre ; tout ça avait l'air de les faire beaucoup rire.

Un peu hésitante je les ai laissé me dépasser. Mais je me suis vite raisonnée, n'étais-je pas là pour nouer contact et demander mon chemin?
Bien entendu leur première réaction quand je suis apparue juste dans leur dos a été la surprise, j'ai attendu que cela passe. Et ils ont éclaté de rire, j'ai vaguement compris qu'ils se moquaient de ma nudité, comme si c'était un problème. Iloak n'avait jamais fait de remarque sur ce point et cela ne le gênait pas... Les évènements ne se déroulaient pas vraiment comme je l'entendais, instinctivement j'ai commencé à reculer.
L'un des gaillard me rattrapa en titubant, toujours hilare. Il me saisit le bras.

"Ha ben non ma belle! Tu vas pas déjà t'barrer... C'est qu'c'est pas souvent qu'on croise une nana comme ça dans les champs. Même qu'ça dérange po qu'elle ai plein d'épines sur le derrière, hein les gars?"

Je crois bien que c'est le moment où j'ai paniqué. Et quand je panique les épines en question se dressent... La brute qui m'empêchait de fuir s'était enhardi, elle approchait sa tête dans l'intention coller sa bouche contre la mienne. Pour l'éviter je fis un mouvement un peu brusque, s'ensuivit un hurlement et l'étreinte sur mon bras se desserra.

Je détalais sans demander mon reste, sans même regarder ou s'étaient fichées les épines qui avaient blessé mon agresseur. Si il se trouvait défiguré je n'aurais d'ailleur aucun regret. J'ai couru vers le premier bosquet que j'ai vu, les trois hommes me suivaient. Je les aurais distancé si je n'avais pas trébuché sur une longue tige argenté qui se trouvait au fond d'un étrange vallon... Ou plutôt il y avait deux tiges, parallèles, reliées par des morceaux de bois taillés. Le tout s'est mis à vibrer et à siffler, et un espèce d'animal monstrueux crachant de la fumée est apparu. J'ai sauté sur le côté ; à ce moment le premier de mes poursuivants sortit du sous-bois pour se retrouver sur le passage du monstre...
La suite n'est qu'horreur.



J'en suis là. Assise par terre à penser à tout ça, couverte de sang et de morceaux de chair, et de tout le reste. Sûrement que les esprits n'ont pas voulu que je meurre aujourd'hui. Le monstre s'est arrêté un peu plus loin dans un bruit insupportable, les deux brutes encore vivantes _dont celui blessé au visage par mes soins_ semblent en état de choc, l'un d'eux pleure même. Pourvu que cela dure et qu'ils m'oublient...
Que faut il que je fasse? Fuir? Mais il est trop tard j'avise un flot de gens sortit de je ne sais où se diriger par ici en longeant les flans du monstre. Je reste donc, tremblante et déboussolée, toutes mes épines dressées, une protection bien faible dans cette situation...


Désolé de couper votre repas, je redonne juste à Mektild un peu de matière pour ses colères. :012:

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Re: [libre] Même les draps sentent le poisson !

Messagepar Ordalie » 12 Oct 2010, 15:13

ATTENTION
Les messages suivants s'adressent à un public averti (scènes de violence, érotisme). Âmes sensibles, s'abstenir.


-À tes ordres !

Il brisa les miches de pain y fourra une moitié de fromage chacune et s'approcha du fourneau. Pas la peine de lui demander si elle l'aimait coulant ou grillé, ce serait au petit bonheur la chance et à condition que le cabot n'y perde pas un bras dans l'aventure. Le temps de chercher à ouvrir la machine infernale, enfin, un petit peu pour tout faire chauffer, que le mécanicien poussa un juron retentissant, la main à mi-chemin de la poignée devant servir à faire hurler la locomotive en cas de pépin, il poussa sur une grande perche métallique et l'engin freina brusquement. Ordalie fut projeté en arrière et alla droit se cogner contre la console de commande quand un éclat à demi-mouillé accompagna les derniers mètres de freinage du serpent métallique.

Des étoiles dansaient devant ses yeux et une douleur sourde lui vrillait le dos quand il chercha à tâton où s'appuyer pour se relever.

-On t'avait dit que c'était pas un endroit pour les freluquets dans ton genre gamin ! Tonna le mécanicien en le remettant sur ses pattes d'une seule main.

Quand enfin le gosse pu tenir debout c'est un drôle de spectacle qui s'ouvrait devant ses yeux. Le rouge de ses cheveux semblait avoir déteint sur l'extérieur de la vitre. Des tâches rougeâtres s'étaient étalées avec la vitesse et le vent et coulaient lentement vers le bas à présent que l'engin était à l'arrêt.

Déjà on entendait les éclats de voix venir des wagons. Le mécanicien n'en finirait pas d'en entendre parler. Il se retint de vomir quand il comprit ce qui était sur ses vitres et bondit hors de l'habitacle pour aller se soulager dans un buisson. Et pendant qu'il rendait son petit déjeuner, Ordali,e sans jeter un regard pour sa compagne de fortune à corne, s'extirpa à son tour de la locomotive. Il gagna le sol de ses pieds nus et alla renifler le métal encore chaud de l'énorme machine, appâté par l'odeur certainement. C'est en faisant le tour qu'il remarqua la jeune femme nue et recouverte d'épines.
Si moi je me demande comment ce fait-il que tant de jolies jeunes femmes nues croisent son chemin depuis ce matin, lui, les pieds dans l'herbe rouge, il l'observa la tête penchée le nez remplit de cette odeur de sang frais qui faisait ronfler son estomac.

Il y en avait d'autres, des gens dehors. Des hommes, du sang sur le visage pour l'un, peut-être avaient-ils vu le massacre. Le mécanicien rejoint par le contrôleur se remettait de ses émotions sous le regard de ceux qui avaient vu. Une fille, des hommes en larmes ou blessés, Ordalie, silencieux et pourtant plein de curiosité. Il s'approcha de la fille et naïf comme jamais s'accroupit devant elle, une main tendue en signe de paix.
Il ne mange pas les Porc-épics. La douleur qu'elle lui causerait serait bien moindre face à la faim qui l'assaillirait les jours durant sa guérison. Et il mourrait avant que son estomac ne se remplisse à nouveau.

Après la femme à cornes. La femme à pics. On rencontre de ces choses sur Nideyle !

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Messagepar Mektild Bolt » 12 Oct 2010, 16:14

De la nourriture, enfin. Du fromage, du pain, il n'en fallait pas plus pour apaiser l'humeur massacrante de Mektild, au moins pour quelques minutes... Elle laissa Ordalie se dépatouiller. Il faisait ça bien, avec le sourire. C'était un peu énervant mais ça l'arrangeait bien qu'il lui obéisse comme un gentil toutou... ce qu'il était d'ailleurs, mais passons. Ses yeux d'ambre scrutaient la nourriture comme si sa vie en dépendait, et agacée par les geste tranquilles d'Ordalie, elle tendit la main pour lui arracher « son dû » des mains... sauf que ses doigts n'atteignirent jamais leur destination. Un sifflement à peine plus glorieux que ceux que poussaient les Tenaag'i lors d'un assaut l'alerta à peine, et tout de suite, ce fut trop tard ! Elle vit Ordalie disparaître de son champ de vision sur sa droite. C'était bête quand-même, le pauvre bougre était partit droit dans l'ouverture de la cabine du mécano, avec son repas dans les mains ! Quant à elle, elle se retrouva projetée contre les jauges de pression fixées à une paroi plus proche. Le contact de son dos avec le métal et les tuyaux lui arracha un hurlement, mélange de rage et de douleur. Pour couronner le tout, la porte ouverte du foyer envoya des charbons ardents à travers toute la locomotive, plus particulièrement dans les jambes de Mektild qui jura à en offusquer un souteneur. Lorsque la machine s'immobilisa, la jeune femme se laissa glisser le long de la cloison. Elle avait chaud et des milliers d'étoiles lui picotaient les paupières.

Vraiment...

Commencer la journée en se réveillant dans des draps puant le poisson...
Se lever pour devoir cogner des marins...
Atterrir dans une poubelle et un résidu de vomit...
Fuir... ah ! Le pire de la journée !
Voir un chien se changer un homme, et un homme se changer en chien comme si la pratique était courante...
Se hisser jusqu'à une locomotive et jouer au larbin pour un mécanicien...
Et là, finir à moitié assommée... et voir son pain au fromage lui passer littéralement sous le nez ! C'était trop ! Trop pour ses nerfs, pour sa patience et pour le peu de force qui lui restait encore. Le sifflet ne sonnait pas l'arrêt du train mais un carnage imminent. La jeune femme se passa la main sur le front, avisant à peine le mécanicien qui sortait précipitamment et Ordalie qui partait faire pissette. Non mais elle était où là ? Elle se leva, furieuse, démente... bon d'accord, d'humeur égale à elle-même... et elle bondit au bas des quelques marches. Le premier qu'elle attraperai, et peu importe de qui il s'agirait, elle le tiendrait personnellement pour responsable de tout : du poisson, des poubelles, du charbon et du brouhaha insupportable de cette bande d'imbéciles occupés à s'apitoyer sur leur sort. Elle allait leur en donner, elle, des raisons de s'appesantir sur les vicissitudes de la vie !

Lui là, avec son air ahuri. Que regardait-il comme ça, hein ? Et que faisait-il au milieu du chemin métallique réservé au gros vers de terre fumant ? À tous les coups c'était de sa faute ! Ni une ni deux, la lame émit un son clair au sortir du fourreau. Des jours qu'elle n'avait pas servit, sûr qu'elle s'ennuyait. Mektild, elle, s'ennuyait, et la voix effarée d'un passager hébété ne l'arrêta pas. Au contraire, c'était deux fois plus amusant avec un public désapprobateur...


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« TOI !!! » hurla-t-elle de rage.

Sa voix s'érailla – preuve ultime qu'elle avait été aspirée dans sa démence bizarre. Elle ne prononça pas d'autre sommation, s'avança d'un pas déterminé, un pas de charge, coulant, sournois, et avant que quiconque ait pu dire ce qu'elle avait derrière la tête, sa lame siffla. Il y eut un cri d'horreur quelque part derrière, mais peu lui importait. Elle regarda l'homme sur lequel elle venait de se décharger d'un peu de sa mauvaise humeur, à ses pieds. Manifestement, il était ivre. Trop pour freiner correctement l'hémorragie à sa gorge en tous les cas. L'épée regagna son fourreau, et ce fut à cet instant seulement que Mektild daigna porter un semblant d'attention à ce qui l'entourait. Elle soupira, soulagée. Au moins un peu tout du moins. Tiens... elle n'était pas la seule à s'être passé les nerfs en faisant couler le sang apparemment. Il y en avait partout sur le nez métallique, les vitres, les pièces de mécanique rutilantes. Une véritable boucherie, elle-même n'aurait pas su faire mieux. Pour un peu, elle en aurai été jalouse ! Elle se redressa, toisa Nilïn avec mépris... c'était difficile à avaler, d'être en concurrence avec plus étrange qu'elle. Un coup d'œil vers Ordalie d'un air de hyène jalouse. Ce sale morveux... il était à elle, et rien qu'à elle. Non mais d'abord !

    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Qu'est-ce que t'as fait de mon repas, toi ? »


N'hésitez pas à jouer les PNJ... ou à les manger.

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Messagepar Nilïn Matoé » 12 Oct 2010, 20:11

Des regards curieux, d'autres dégoutés, quelques uns furieux. Je ne comprend pas ce que ces gens viennent faire ici. Il n'y avait que le serpent gigantesque et maintenant tout ça... Ils sortent des flans du monstre, il y en a même certains dans son ventre, et seul leur tête dépasse par des ouvertures bizarres.

Bien, si j'élimine toute question superflue comme: « c'est quoi ce monde de dingue? », je devrais pouvoir me poser les bonnes questions et parer au plus presser. Le cercle qui commence à se former autour de moi m'inquiète un peu à vrai dire. Ami ou ennemi?
Et ce jeune homme au cheveux rouge qui me regarde la tête de travers. Je l'ai vu, il vient de renifler le wagon... A t-il un animal-totem comme moi? Je ne vois pas de trace l'indiquant, peut être est-ce discret. En tout cas son attitude me rassure, enfin quelque chose que je comprend un peu dans cette histoire.

Je le laisse approcher et quand il me tend la main je l'attrape aussitôt, j'ai trouvé un point ou me fixer, je ne lâcherais plus. Chez les Matoés le contact physique est très présent, cela commençait à me manquer, pour un peu je me laisserais complètement tomber sur lui. Je me contente de serrer un peu plus ma prise, des deux mains, puis je chuchote au garçon en indiquant la foule autour de nous:

« Ils veulent quoi eux? »

Je n'écoute pas la réponse, un choc sourd me fait tourner la tête, une... une... heu... une furie? Enfin, une petite femme à corne complètement furieuse vient de sortir de la tête du monstre. Elle prend à peine le temps de regarder autour d'elle et fonce droit sur une des brutes qui m'avait poursuivit. Je regarde le pauvre Homme s'écrouler et se noyer dans son sang, encore surpris de ce qui vient de lui arriver.

Ça crie et ça se bouscule alentour pour s'éloigner de la petite blonde. Certains plus courageux font un pas en avant... et deux en arrière. Un groupe à côté de nous se met à discuter:

« On peut laisser faire ça? »
« Je pense pas »
« Ouais, on y va, c'est qu'une femme »
puis
« Oui mais t'as vu ses yeux? »



Parlons en de ses yeux, je viens de les croiser. Et je me suis dit que je venais de passer une très bonne journée jusque là. Je ne crois pas avoir déjà vu un tel regard, même chez les fauves prêt à sauter sur leur proie. J'ai senti frémir et se dresser toutes mes épines. Elle est quoi au juste, avec ses cornes? Pas comme moi, je l'aurais senti, c'est autre chose, et une chose qui ne me plait pas. En fait tout dans son attitude vous pousse à rester loin d'elle.
Le groupe d'homme qui discutait à côté n'a pas cette présence d'esprit, ces imbéciles viennent de décider de corriger la meurtrière et s'avancent déjà. Je ne réfléchi pas plus longtemps, si je les laisse il y aura encore du sang, j'en ai assez pour aujourd'hui. Ça ne m'étonnerai pas que ce soit elle qui ai lancé le monstre sur nous tout à l'heure d'ailleurs.

Sans lâcher le garçon je me lève d'un bond et veux me précipiter dans la foule. Mais le poids au bout de mes bras est un peu lourd, ça tire... Et je retombe sur le jeune homme. Sans réfléchir je hurle:

« Ne la touchez pas! »

Silence complet... Je me sens horriblement bête.

« Heu... Je.. Je veux dire que son geste était justifié. De toute façon si elle ne l'avait pas fait c'est moi qui... Parce que il a... enfin, il voulait, si je ne m'étais pas enfui tout à l'heure... »

Les mots ne passent plus le fond de ma gorge. De toute façon si c'était pour continuer ainsi il valait mieux que ça s'arrête.


Ordalie je te laisse décider de la façon dont je retombe, c'est toi le principal concerné. Pile ou face? xD

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Messagepar Ordalie » 12 Oct 2010, 21:11

Il lui avait montré la main et elle lui avait prit le bras. Un peu déséquilibré, il se retint de l'autre les genoux frôlant l'herbe sanguinolente. Toujours souriant, ses yeux d'encres observaient la jeune fille qui lui donnait plein d'idées dont celle qu'il avait encore faim après une telle nuit à courir partout dans Balaïne ! En y repensant, il n'y serait certainement plus le bienvenu... Il pu tout juste réfléchir quand elle se lève et l'entraine avec lui. Il a les doigts rouges et les genoux de son pantalon humide de la même coloration sombre. Elle retombe droit dans ses bras et par Alrik un peu de chance ne lui fait pas de mal, il récupéra la jeune femme par le ventre et évita le dos hérissé d'épines. Un peu et il aurait pu se vanter d'être le premier chien gruyère de tout le continent. Mektild l'aurait peut-être mit à fondre dans le fourneau de la locomotive lui aussi.

Parce qu'il n'avait rien vu de la colère de Mektild si ce n'est entendu le fil de la lame et l'élévation des réprobations qui s'étaient soudainement tues sous la menace pesante de la guerrière, il dû être le dernier à découvrir qu'une seconde victime venait de s'ajouter au tableau de chasse de la locomotive. En quelque sorte, c'est de sa faute à elle ? Ou peut-être Mektild attirait les scènes rouges comme le sang.

Une main dans ses cheveux, il n'avait pas conscience qu'il s'était collé une trace rouge sur la joue au passage. Redressant l'orphe sur ses pattes il leva les mains en signe d'innocence face à... Mektild : définition parfaite de la guerrière sans foi ni loi qui tue pour le plaisir et dont la lame a plus de veines tranches à son actif que toutes les guillotines du monde.

-Le fromage a du filer entre les manettes dans la locomotive. Le pain... Je sais pas où il a filé. Peut-être qu'il est passé par la fenêtre. Tu as ouvert la porte, c'est ton problème.

Et il n'avait même pas conscience qu'elle pourrait le tuer. Si naïf et inconscient qu'il n'imaginait toujours pas être le prochain sur sa liste à elle.

Les gens descendaient les uns après les autres. Certaines avaient ouverts en grand les vitres et les portes des wagons et se penchaient dehors pour regarder la folle furieuse et le sang qui semblait avoir recouvert la chevelure d'un vagabond. Une fille nue, un garçon presque dans le même état, une guerrière qui tuait plus vite qu'ils ne râlaient eux... Il y avait de quoi se poser des questions, non ?
Et malgré l'étonnante démonstration de force de la Winghox, les mâles en troupeau s'échauffaient enfin. Le mécanicien avait recommencé à dégobiller dans un coin, le contrôleur s'était éloigné du garçon fou et de la femme à la hache. Tiens il est passé où son cabot de malheur ?! S'il savait ! Et là, quelques hommes retroussaient leurs manches prêts à mettre hors d'état de nuire un groupe de simples voyageurs. Sans ticket, sans vêtements (pour la moitié d'entre eux) et sans morale (pour Mektild).

-ça sent le roussi.

Maudit, sûrement. Ordalie recula d'un pas et bouscula l'orphe dans sa démarche. Face au nombre la meilleur défense ressemble souvent à une fuite éperdue. C'était pourtant marrant le train... Il entendait des os craqués et un grognement sourd de colère semblait rendre fous les humains. Car en groupe, ils perdent tous la raison, pire qu'une bande de chiots mal élevés !

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Messagepar Mektild Bolt » 13 Oct 2010, 17:07

Deux solutions s'offraient à Mektild : courir, ou rentrer dans l'tas ! En toute honnêteté, la seconde option lui semblait nettement plus attirante, mais un problème de taille se profilait. Elle avait passé quelques longues journées en mer, à flotter au gré des flots, sans grand chose à se mettre sous la dent hormis les poissons assez fous pour sauter dans sa barque, sans exercice, sans eau potable hormis la pluie... et maintenant qu'elle était sur la terre ferme, elle avait eu à se battre avec un Winghox bien de chez elle la veille, deux marins bâtis comme des pans de mur le matin même, et puis, et puis... Elle en avait plein les bottes ! Elle était fatiguée. Elle avait faim. Elle était de mauvaise humeur. Et elle était trop faible pour en faire payer le prix à tous ceux qui se permettaient d'être en bonne santé à côté d'elle. Courir ? Pour aller où ? En avait-elle la force ? Continuer de tuer ceux qui se mettraient en travers de sa route ? Ils étaient nombreux, et elle, fatiguée... Restait un mixe intéressant des deux : leur rentrer dedans en courant ! Oui mais après ? Elle ne saurai pas faire repartir le serpent de métal, ni lui dire où aller. Et à s'épuiser au combat, elle n'aurait peut-être pas l'énergie de marcher jusqu'au prochain trou perdu du coin. À moins de grimper sur le dos d'Ordalie et de le chevaucher comme un poney, ce qui pourrait être fort amusant, mais guère réalisable. Le chienchien avait beau se montrer conciliant, elle doutait qu'il soit prêt à un asservissement. Déjà qu'il prétendait se rebeller avec son histoire de pain et de porte ouverte. Par Amroth, elle n'aimait pas se sentir coincée ! Et au moment où elle allait se mettre à grogner, elle fut surprise par le cri de la demoiselle piquante. Non mais elle se prenait pour qui celle-là ? Mektild seule était autorisée à s'énerver ici...

Et si elle optait pour le choix numéro trois : faire n'importe quoi tant que c'était susceptible de lui calmer les nerfs ? Aussitôt pensé, aussitôt la main à la garde de son épée courte. Ils voulaient jouer à des jeux barbares ? Elle les attendait. Le problème avec Mektild, c'est que la perception du danger lui fait parfois cruellement défaut. Brandissant son arme, elle se retourna vers ceux qui faisaient mine de s'approcher. Il y eut quelque chose, quelque part dans sa boîte crânienne, qui grilla proprement. Car en guise de menace pour faire reculer les hommes, elle éclata d'un rire dément. La bave luisait au bord de son sourire carnassier et une lueur de possédée qui s'ignore illuminait ses yeux. Une chance pour eux qu'elle ait laissé sa hallebarde dans la cabine, ou bien elle les aurai tous massacrés à distance. Une aubaine également, puisqu'elle préférait en réalité le combat rapproché. Ah ça, sentir ses victimes agoniser au bout de sa lame, ça lui provoquait tout plein de sensations. Elle le savait pour l'avoir expérimenté à l'instant avec l'ivrogne qui continuait de se vider de son sang à ses pieds. L'un des rares hommes qu'elle ait tué, le premier en « combat singulier ». Pas très loyal, mais elle s'en moquait bien, tant que le plaisir était au rendez-vous. C'était presque aussi amusant que lorsqu'elle s'acharnait sur le bétail de son père. Combien de tête de troupeau avait-elle massacrées de ses propres mains ? Un volontaire dans l'assistance ? Elle les détailla tour à tour sans bouger. Non, battre à mort prenait trop de temps, même si c'était très excitant. Pour le coup, il lui faudrait être rapide et efficace... à moins que la dissuasion ne fonctionne, mais rien n'était moins sûr.


    http://nideyleforum.free.fr/kits/mektildedial.png« Faites moi plaisir, v'nez voir par là...! »


J'ai fait exprès de ne pas jouer les PNJ, vu que j'en ai déjà abîmé un, je voudrai pas jouer les grosbill en mangeant les autres comme des p'tits pains. Je vous laisse choisir ce qui va m'arriver :022:

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Messagepar Nilïn Matoé » 14 Oct 2010, 01:12

La situation empire, ça fait maintenant plus que sentir le roussi, ça brûle. La femme à corne provoque les hommes qui l'entourent, ils deviennent de plus en plus nombreux et gagnent en assurance. Le moment ne va pas tarder ou ils auront le courage de lui sauter dessus.
Le jeune homme au cheveux rouge recule, je suis plutôt d'accord avec cette stratégie, si nous n'étions pas encerclés... il n'y a pas de place et il me bouscule, nous devons ressembler à deux animaux pris au piège.
Le foule grogne:

-"Le laissez pas partir le garçon, il a apporté à bouffer à la folle, il est avec elle."
-"Et l'autre à poil là, elle a pris sa défense"

Je jette un coup d'oeil sur mon compagnon d'infortune, nous risquons de partager le sort de la cornue sans même la connaitre. Comme c'est parti ils ne vont pas se gêner pour nous mettre en pièce. Je regarde alentour, tous les hommes sont d'une bonne stature, quelques uns ont même une carrure très impressionnante. Ils semblent se délecter d'avance de pouvoir distribuer des coups et ont le sourire aux lèvres. Je m'agite, cherchant encore une issue.

-"Tout doux mademoiselle hérisson, range moi ces piquants"

Je lance un regard noir au gros malin qui vient de faire cette remarque. J'ai l'air d'un hérisson? Et comment lui expliquer qu'ils me fichent tellement la frousse à être tous aglutinés autour de nous que mes épines se dressent toutes seules?

A quelques mètres la situation bouge. Je ne vois pas bien... Quelques coups, quelques cris... Je crois aussi avoir entendu la femme à corne lacher une floppée de jurons.
Puis des exclamations:

-"On la tient! Faisons lui payer maintenant!"

Tous se mettent à crier leur approbation d'une seule voix. Le corps de la vaincue est soulevé comme un trophée. Elle semble si fragile maintenant avec ses bras balants et sa petite tête blonde renversée. Je me demande qui a appris la valeur de la vie à tout ces gens... C'est donc ça la civilisation? N'importe quel animal serait plus humain! Ou est donc la sagesse et la retenue dont Iloak m'a longtemps parlé?
Que faire face à tout ça? Il nous reste seulement à nous défendre comme cette femme l'a fait. Ils verront bien ce que peut faire une Matoé désespérée.
Alors que je vais me lancer dans le tas, une voix s'éleve au dessus de tous les cris. Elle appartient à un homme un peu gras qui est monté sur le dos du gros serpent. Il porte des vêtement noirs, différents de ceux des autres.

-"Arrêtez ça! La royauté ne permet pas la justice populaire. Si ces personnes ont fauté elles ont droit à un jugement!"

Un murmure parcours la foule, l'animosité retombe d'un coup. J'entend le mot "magistrat" plusieurs fois répété. Quelques personnes s'inclinent, je ne sais pas qui est ce nouvel arrivant mais il vient de nous sauver. Le calme et la raison tant attendus semblent être enfin venus.
D'un geste le gros homme commande à la foule de nous emporter, je suis soulevée de terre avant de pouvoir réagir. Je me retrouve dans le ventre du serpent, bientôt rejointe par le jeune homme au cheveux rouge et la femme à corne toujours inconsciente. Une brute entreprend de nous lier pieds et poings avec de la corde, je me retrouve aussi avec un morceau de tissu sur les yeux et la bouche. Puis un sifflement se fait entendre et tout se met à vibrer, je garde la tête basse, inquiète. Je ne peux que humer l'air autour de moi et je m'occupe à étudier les odeurs de sueur qui arrivent à mes narines...


la suite=> le bon air de la campagne

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