« Vrass... »
Benedikt est assis à califourchon sur le ventre du winghox, en train de murmurer son prénom pour le réveiller doucement pendant qu'il embrasse la ligne de sa mâchoire. Lui est bien réveillé, depuis un bon quart d'heure, et il attends patiemment que Vrass ouvre les yeux.
« Regarde ce que j'ai trouvé. » rajouta-t-il alors, gardant un ton bas pour ne pas agresser les oreilles ensommeillée du tatoueur. Il désigna du regard le plateau qui trône à côté de lui, recouvert de nourriture ; une tasse de thé, une autre de café, de la brioche, des tranches de lard grillées qui serpentent entre trois œufs sur le plat. La cuisinière avait peut-être un peu exagéré sur les quantités, mais Benedikt n'avait pas osé lui dire qu'il n'allait sûrement pas manger autant, de son côté. Le botaniste attrapa une tranche de brioche et croqua dedans, récupérant après quelques miettes tombées sur les couvertures.
« Bon, d'accord, je ne l'ai pas trouvé, je l'ai récupéré en bas, mais j'ai réussi à avoir autre chose que du maquereau grillé. Franchement, au petit-déjeuner, je trouve ça un peu raide. Par contre, je crois que je suis en train de rendre folle la réceptionniste. Je ne pense pas que ça a eu l'effet que je voulais quand j'ai fais semblant d'être indigné qu'elle me regarde comme ça, j'ai cru que ses yeux allait tomber et rouler par terre. Enfin, je n'aillais pas non plus mettre une robe pour descendre... »
Malheureusement, croiser les bras pour cacher son manque de poitrine n'était pas non plus vraiment efficace, et Benedikt avait laissé la jeune femme à frange dans la confusion la plus totale après avoir tenté sans grand succès de la persuader subtilement que non, non, ce n'était pas ce qu'elle pensait, elle avait devant elle une véritable jeune femme comme hier. En fait, le botaniste avait fini par fuir plus ou moins lâchement vers les cuisines, parce que ça commençait à devenir vraiment gênant, surtout la façon dont elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d’œil à son entrejambe. Mais bon, aussi, hein, il ne s'attendait pas à la croiser, il avait traversé la réception aussi furtivement qu'il pouvait !
« Oh, désolé de m'être endormi comme ça, hier, je ne m'en suis pas aperçu... J'espère que tu as bien dormi ? Je suis en pleine forme, moi. »
En l’occurrence, Benedikt avait été presque intrigué de se réveiller dans un état de propreté bien plus acceptable qu'il n'aurait pu prévoir – il devait avouer qu'il soupçonnait un peu le tatoueur d'y être pour quelque chose, mais ce n'était pas assez important pour qu'il y réfléchisse -. Le botaniste s'était du coup contenté d'une toilette de chat à l'eau froide, silencieuse, pour ne pas réveiller Vrass, histoire d'avoir les idées claires. Maintenant que le tatoueur avait acheté ces piments enchantés par Sayah, de toutes manières, ils pouvaient prendre un bain quand ils en avaient envie.
« Qu'est-ce qu'on a de prévu, pour aujourd'hui ? Est-ce qu'on va faire comme hier, genre on fait l'amour, on mange, on fait l'amour, on se lave, on fait l'amour, on mange encore, et puis on fait l'amour et on dort ? Est-ce qu'on change de ville ? Si tu veux m'envoyer balader parce que je parle trop, tu peux, je suis juste de bonne humeur, là, désolé, et puis ça fait plus de vingt minutes que je suis réveillé... »